Au moins c'est clair !!!!!

Publié le par thierry Vergnaud

Pollution - Publiée le : 06/12/2006  
L’INVS met en évidence un lien entre la pollution des incinérateurs et l’apparition de cancer à proximité

Une étude rétrospective de l’INVS met en évidence un lien statistique entre le niveau d’exposition aux polluants des incinérateurs dans les années 70-80 et l’augmentation de la fréquence de certains cancers au cours des années 90-99.


Depuis 1970, la France a recours à l’incinération pour éliminer les ordures ménagères. Bien que le nombre d’usines d’incinération d’ordures ménagères et leurs rejets aient beaucoup diminué depuis 1990, la France possède toujours le parc d'usines d’incinération d’ordures ménagères (UIOM) le plus important d’Europe et une inquiétude s’est installée chez les populations riveraines à propos de l’impact de ces installations sur leur santé. Les émissions atmosphériques de ces installations industrielles sont constituées de mélanges complexes associant des oxydes d’azote et de soufre, des particules, des substances dangereuses initialement présentes dans les déchets tels que les métaux lourds et, notamment lorsque les processus d’incinération sont incomplets, des composés chimiques de type dioxines, furanes et des hydrocarbures aromatiques polycycliques. Les personnes vivant près des incinérateurs sont donc potentiellement exposées aux polluants émis dans l’atmosphère par l'inhalation d'air pollué, par la consommation d’eau ou de produits alimentaires contaminés ou par contact cutané avec le sol.

C’est pourquoi, en 2003, l’INVS a lancé une étude nationale financée dans le cadre du Plan Cancer, pour évaluer le risque de cancer lié à l’exposition dans le passé aux incinérateurs d’ordures ménagères. L’étude a porté sur 135.567 cas de cancer apparus entre 1990 et 1999 dans quatre départements (l’Isère, le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et le Tarn) où 16 incinérateurs étaient en fonctionnement
À l’heure où l'OMS qualifie l'augmentation du nombre de cancers de véritable épidémie, il paraît aberrant que l’incinération soit aujourd’hui un système de traitement encore largement utilisé, développé et soutenu en France
entre 1972 et 1985. Résultat : il existe bien un lien significatif entre le niveau d’exposition aux incinérateurs dans les années 70-80 et l’augmentation de la fréquence de certains cancers au cours des années 90-99.
Même si la tentation est grande de transposer ce lien à la situation actuelle, l’INVS se veut prudent et précise que cette étude porte sur une situation passée, ces résultats ne peuvent pas être transposés aux situations actuellement générées par les incinérateurs, moins polluants et mieux contrôlés qu’auparavant. Il est vrai que les normes d’émissions ont été réduites notamment depuis le 28 décembre 2005 mais le Centre national d'information indépendante sur les déchets (CNIDD) rappelle que seuls 20 composés pour les rejets atmosphériques ont été retenus dans les normes, notamment 12 métaux lourds comme le mercure ou le plomb, mais la liste des polluants non assujettis à des normes est encore plus longue. Beaucoup de composés organiques sont produits par l’incinération et ne sont pas mesurés alors qu'ils sont également persistants, toxiques et bioaccumulables, comme les dioxines.

D’ailleurs l’étude de l’INVS ne conclut pas sur les polluants incriminés puisqu’elle a porté sur une pollution globale. En revanche, une étude spécifique aux dioxines a été lancée en 2004 par l’INVS en collaboration avec l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Cette étude a tenté de savoir si les populations vivant autour des usines d’incinération d’ordures ménagères sont plus imprégnées par les dioxines que celles qui en sont éloignées. L’étude a confirmé que la contamination en dioxine se fait principalement par ingestion d’aliments imprégnés de polluants et notamment les aliments riches en graisse puisque les dioxines sont lipophiles : produits laitiers, œufs et les lipides animaux. Des taux de dioxines ont donc été retrouvées dans tous les cas de figure, que la personne réside ou non à proximité de l’incinérateur sans différence significative.

Malgré toute la prudence scientifique dont font preuve les auteurs de ces deux études, les résultats démontrent bien que les incinérateurs ont pollué, contaminé et rendu malade la population à proximité. Un des polluants, la dioxine, est encore présent dans notre environnement et contamine au fur et à mesure toute la chaîne alimentaire. Les avis divergent cependant quant à la conduite à tenir à l’heure actuelle. Certains estiment que la réduction des normes d’émission et l’amélioration des techniques d’incinération garantissent la protection de la santé des riverains. Pour d’autres, l’incinération doit être totalement abandonnée au profit d’autres techniques sinon la situation risque d’empirer. Même si les concentrations de dioxines dans les fumées d'incinérateurs sont censées baisser, les quantités émises par incinérateur resteront globalement élevées en raison de l'augmentation de la capacité des incinérateurs, du débit de fumées rejetées et de la quantité de déchets traitée, explique Sébastien Lapeyre, chargé de mission Incinération au CNIID. À l’heure où l'OMS qualifie l'augmentation du nombre de cancers de véritable épidémie, il paraît aberrant que l’incinération soit aujourd’hui un système de traitement encore largement utilisé, développé et soutenu en France sachant que ce procédé produit des milliers de polluants différents et empêche le développement de filières alternatives de traitement des déchets, ajoute-t-il.

Au sein des partis politiques écologistes, les réactions sont tout aussi radicales. Dominique Voynet demande un moratoire immédiat sur la construction de nouveaux incinérateurs et un plan de fermeture des installations existantes. Elle rejoint en cela le parti de Corinne Lepage, CAP 21, qui avait lancé en juin 2005 un « appel pour un avenir sans incinérateurs ».
Du côté du ministère de l’écologie et du développement durable, Nelly Olin, estime que ces études confortent son action engagée dans le domaine de la gestion des déchets et basée sur la réduction des volumes de déchets à la source, l’augmentation de la quantité de déchets valorisés par réemploi, recyclage, compostage ou méthanisation et le respect des nouvelles normes environnementales en vigueur, plus strictes. Elle rappelle également que pour la première fois depuis 1995 les quantités d’ordures ménagères produites en France se sont stabilisées.
Pourtant, dans les départements, la grogne des riverains s’accentue car de nouveaux projets d’incinérateurs sont validés régulièrement à l’image du Haut-Rhin où une troisième usine d'incinération de déchets ménagers entrera en service en 2010. Même problème en Corse ou à Fos-sur-Mer où la communauté de commune Ouest-Provence et la communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole se livrent un combat effréné au sujet du nouvel incinérateur de Marseille.

F.LABY

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